miniature de la couverture

Les choses
par Georges PEREC

Juliard, 1984
roman pour adolescents

Dans ce récit si simple et si uni qu'il convient d'en souligner l'originalité profonde, Georges Perec tente, le premier avec cette rigueur, de mettre au service d'une entreprise romanesque les enseignements de l'analyse sociologique.
Il nous décrit la vie quotidienne d'un jeune couple d'aujourd'hui issu des classes moyennes, l'idée que ces jeunes gens se font du bonheur, les raisons pour lesquelles ce bonheur leur reste inaccessible - car il est lié aux choses que l'on acquiert, il est asservissement aux choses.
"C'est qu'il y a, dira Georges Perec, entre les choses du monde moderne et le bonheur, un rapport obligé. Une certaine richesse de notre civilisation rend un type de bonheur possible : on peut parler, en ce sens, comme d'un bonheur d'0rly, des moquettes profondes, d'une figure actuelle du bonheur qui fait, je crois, que pour être heureux, il faut être absolument moderne. Ceux qui se sont imaginé que je condamnais la société de consommation n'ont vraiment rien compris à mon livre. Mais ce bonheur demeure un possible ; car, dans notre société capitaliste, c'est : choses promises ne sont pas choses dues "

L'auteur : Georges Peretz, dit Georges Pérec, est un écrivain français. D'origine juive et polonaise par ses parents, Icek et Cyrla, il passe son enfance dans le quartier de Belleville. En 1940, il devient orphelin de père, Icek Peretz étant mort au combat. L'année suivante, sa mère l'envoie à Villard-de-Lans afin de le sauver des Nazis. Elle-même déportée à Auschwitz, elle meurt en 1943. A Villard-de-Lans, les sauveteurs de l'enfant le font baptiser et francisent son patronyme qui devient alors "Pérec". Mais en 1945, il retourne à Paris pour y vivre auprès d'une tante paternelle, Esther Bienenfeld. Après l'école communale de la rue des Bauches, dans le XVIème où il se retrouve propulsé, Georges Pérec intègre le lycée Claude-Bernard, puis le collège d’Étampes. En 1954, il tente hypokhâgne au Lycée Henri-IV et se tourne vers une licence d'Histoire qu'il abandonne assez vite. En parallèle, il suit une psychothérapie, d'abord avec Françoise Dolto, puis avec Michel de M'Uzan. Après son service militaire dans une unité de parachutistes, il épouse Paulette Pétras et part un temps en Tunisie, à Sfax. En 1962, il entre comme documentaliste en neurophysiologie au CNRS. Vers cette époque, il commence à écrire. Son premier roman, "Les Choses, une histoire des années soixante", obtient le Prix Renaudot 1965. L'ouvrage surprend par ses descriptions détaillées des objets qui couvrent aisément des pages, le tout articulé autour des enquêtes d'opinion faites par le couple de "héros", Jérôme et Sylvie. Pérec fait aussi dans ce livre un usage quasi systématique du conditionnel. Encouragé par le succès obtenu, Pérec persévère et produit encore deux romans, dont "Un Homme qui dort", où il tutoie carrément le lecteur, avant d'entrer dans l'Oulipo en 1967. A partir de là, tous ses écrits s'articuleront autour d'une contrainte, littéraire et/ou mathématique. Dès 1969, l'écrivain donne "La Disparition", roman qui conjugue la mystérieuse disparition du héros, Anton Voyl, avec celle de la lettre "e" qui n'apparaît pas une seule fois dans ce livre. Inversement, dans "Les Revenentes", en 1972, il n'utilise que la voyelle "e", créant au besoin, comme dans le titre, des fautes d'orthographe. Mais c'est en 1978, avec "La Vie Mode d'Emploi" (prix Médicis 1978), qu'il accède véritablement à la connaissance du grand public. Décédé d'un cancer des bronches, il est incinéré et ses cendres se trouvent au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

Classement ADOS PER0503C